Hadopi m'a tuer
Vous avez sans doute entendu parler de cet homme licencié par son employeur pour délit d'opinion ? Non ? Sans doute parce que ce n'est pas passé au 20h, et pour cause…
Le monsieur travaille pour une grosse chaîne de télévision privée française (que j'appellerai GCP pour Grosse Chaîne Privée et pour éviter de la confondre avec TF1) et il a eu l'idée d'écrire un courrier à son député - Françoise de P., élue dans une circonscription parisienne.
Un courrier dans lequel il démontrait pourquoi la loi relative à la création artistique et internet (aussi appelé projet Hadopi) était injuste et inadapté. Il faut préciser que le monsieur connaît son rayon puisqu'il est le créateur de la plate-forme internet de la grosse chaîne. Il faut aussi préciser que mail n'était aucunement injurieux ou désobligeant.
Toujours est-il que le député (ou la député, je ne sais pas ce qu'il convient de dire), ne sachant que répondre, fit suivre le mail aux personnes les plus à même d'argumenter et de contredire. Car il fallait contredire, bien évidemment. Il fallait démontrer que la loi pour laquelle elle allait voter était juste et justifiée.
Le mail arriva donc au cabinet de Christine A., ministre de la culture, à l'origine de ce projet de loi.
Et là, on ne sait pour quelle raison, un collaborateur du ministre (ou de la ministre, je ne sais pas ce qu'il convient de dire encore une fois) forwardat (ça par contre, je sais que ce n'est pas français !) le courrier à la GCP.
(rappelons que ce mail était une correspondance privée entre un citoyen et son député).
Ceci valut au monsieur un licenciement sur le champ. Car rappelons que la GCP est aussi éditrice de contenu et associée à l'une des plus grosses " major " depuis des années que dure son academy. Accessoirement, l'actionnaire principal de la GCP est très pote avec le patron du ministre de la culture (mais c'est sans doute un hasard). Rappelons aussi qu'en ce moment, la GCP a les nerfs à fleur de peau. Son action a été divisée par trois en un an, ses audiences sont en constante diminution, ses recettes publicitaires aussi (malgré l'arrêt de la pub sur le service public), elle cherche à réduire ses coûts et peut être aussi ses effectifs.
Dans l'histoire, tout le monde est perdant. Le monsieur n'a plus de job. La député passe pour une délatrice alors qu'a priori, elle n'avait pas de mauvaise intention. Le ministère de la culture se transforme en ministère du contrôle de l'information (le collaborateur-forwardeur a obtenu une mise à pied d'un mois) et la GCP se retrouve en procès pour licenciement abusif.
Et les citoyens ? Ils ont l'impression que " démocratie " et " liberté d'opinion " sont des mots qui appartiennent au vieux français.
Moi qui voulais demander l'installation d'un ralentisseur dans ma rue auprès de mon député-maire, je vais d'abord tenter de savoir si mon patron n'est pas anti-dos-d'âne avant toute action. On ne sait jamais, des fois que mon mail transite par le ministère des transports.