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Le Blog De Plus
26 mai 2008

Bienvenue chez les A.A.*

86___LOGO_GROLANDLa colère gronde. Nos députés se mobilisent et prennent la mesure du drame qui est en train de se dérouler quasiment sous nos yeux. Et il en faut pour sortir un député de sa torpeur son Bourbon.

Quelle est donc cette noble cause qui les mobilise ?

La Birmanie ? Les droits de l’Homme en Chine ? La crise des subprimes ? La baisse du pouvoir d’achat ? La hausse des cours du pétrole ? Le nucléaire en Iran ? Le Liban et le proche orient en général ? Les OGM ? Le réchauffement climatique ?

Que nenni !

Leur cheval de bataille en ce moment, celui qui les fait passer au JT de 20h et en une des quotidiens, c’est la réforme des plaques d’immatriculation. Le truc qu’on sait déjà depuis deux ans que ça va changer parce qu’il le faut bien, parce que le compteur est proche de la limite.

Vous qui êtes normalement constitués, vous avez deux hémisphères. Donc vous avez intégré l’information et vous avez tiré la conclusion qui s’impose : on s’en fout !
Mais le député, qui je le rappelle, n’a qu’un hémicycle (ce qui pourrait laisser croire que les news circulent rapidement), vient juste de s’insurger. La courbure du temps n’est pas la même sous les ors de la République. C’est le temps parlementaire (la digestion est plus lente).

Et là, c’est le drame !

Vous êtes venu sur ce blog pour déconner 5 minutes. Et je vous sors un sujet de fond qui nous bouleverse tous. Qui va changer votre vie de A à Z. Limite vous en avez la larme à l’œil.

"Monsieur Plus, t’es qu’un gros naze ! Tu plombes l’ambiance de cette belle journée. Je m’casse, je vais me prendre à mon fraisier."

Je te comprends Hannibal Lecteur.

Moi aussi, ça me fend le cœur.

Aujourd’hui, la vie est facile. Mais pensez aux bouleversements que cette réforme aura sur notre vie de demain.

Je prends un exemple : là où j’habite (dans le 76), nous avons de gentils voisins, que nous appellerons les bouseux 27 pour les besoins de la démonstration. Quand ils arrivent en ville, les gens changent de trottoir et qu’on en repère un, aussitôt notre vigilance s’accroit, nous sommes sur la défensive. Car le 27, fort de sa ruralité, ne prend pas la peine d’utiliser ses jolis miroirs et les non moins jolis machins oranges qui clignotent pour changer de file avec son tas de boue tracteur. Mais on le sait. Il est comme ça le 27. C’est dans sa nature.

C’est comme les parigots franciliens. Ça fait le kéké sur le périf avec ses priorités à gauche. Mais une fois arrivé sur la départementale pleine de virages, ça dépasse pas le 60km/h. Mais on le sait. Les routes de province, pour lui, c’est aussi exotique qu’un safari à Thoiry.

Sans compter les belles expressions du style "Bretons, têtes de c***", "Il va doubler le chleu ?!?" (en parlant des alsaciens), "Hé biloute, tu viens prendre ta dose de soleil ?", etc etc, qui vont se perdre, ne pouvant plus être utilisées à bon escient.

Le plus inquiétant, c’est l’inculture départementale qui guette nos rejetons. Avant, pendant les longs trajets, la principale occupation consistait à retrouver le nom qui collait au numéro.
49 ? C’est heu… heu… 44 c’est Carquefou, j’en suis sur. Donc 49 ça doit commencer par un C… ou un D peut être. Ce qui dégénérait invariablement en pugilat jusqu’à ce que Maitre Capello un des parents sorte l’Atlas Michelin pour ramener sa science le calme sous peine de mutinerie imminente.
Maintenant, les gamins sont condamnés à apprendre l’anglais avec Dora jusqu’à ce que mort s’en suive sur le lecteur DVD portable. Elle va être belle la jeunesse de demain !

Le 1er janvier prochain, c’est un pan le lapin entier de notre culture et de notre identité qui va disparaître. Les automobilistes devront s’insulter anonymement (le traditionnel "Va te faire mettre, Ducon !" verra sa cote de popularité remonter), plus moyen de personnaliser les injures. De même, il deviendra impossible de klaxonner un compatriote rencontré dans les embouteillages qui mènent au Champion de Palavas. La fraternité automobilistique va en prendre un sacré coup.

Résistons mes amis. Customisons nos voitures aux couleurs de notre chez-nous. Laissons fleurir les BZH, les têtes de Maure, les écussons du PSG et autres fanions comme jadis la tête de Max Meynier. Ne tombons pas dans l’oubli.

Heureusement, nous pourrons continuer à distinguer les étrangers et assouvir ainsi nos instincts d’automobiliste. "Wake up le rosbif ! Ici on roule à droite !", "Hé l’espingouin, tu bouges ta fraise !", "Il va se calmer le rital ? Ici on ne conduit pas au klaxon !".

   

* A.A. = Automobilistes Anonymes

Nb : pour ceux qui pensent que 2 chiffres au cul d’une voiture représentent une partie de leur identité, je peux leur soumettre l’idée que j’ai eu lors de l’achat de ma première voiture : je me fais tatouer le numéro de la plaque moteur sur le bras à chaque nouvelle acquisition. J’y peux rien, c’est affectif. Ainsi, je me sens plus proche de ma titine (et je garde un souvenir de celles qui sont mortes).

Nb2 : pour ceux qui pensent que c’est nul d’écrire des trucs pour aussitôt les barrer et qu’en plus c’est chiant à lire, tapez 1. Les autres tapez 2.

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Commentaires
C
Tiens, je me rappelais pas vraiment avoir lu ce billet.<br /> Moi en fait, je me fous un peu d'avoir mon département aux fesses, mais j'aime bien le voir sur celles des autres. Ca permet de réviser, de gueuler "mais ils nous font suer à nous piquer nos routes, restez donc chez vous pendant la pentecote au lieu de nous créer je-ne-sais-combien de km de bouchons" et puis.. et puis c'est tout.<br /> Finalement j'aime autant voir un taurillon ou une tête corse à l'arrière du voiture, mais tous les départements/régions n'ont pas forcément de symbole aussi fort.. Un lion remarque ça le ferait quand même, enfin plus qu'une quenelle forcément hein.
C
2.
M
>> lo : garde-la ta place ! Depuis le temps, je me suis habitué à mes tares. Je me vois mal être obligé de faire avec de nouvelles.
L
ben en tout cas, c'est plus facile que tes tares !<br /> <br /> j'échangerai clairement pas ma place avec la tienne ! J'préfère la mienne !
M
>> lo : je te plains, ça doit pas être facile tous les jours...
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