Histoire d’un blog (part III)
Lui qui n’arrivait pas à aligner deux mots sur une carte postale ou à sortir une copie double dans une épreuve de français commençait à s’amuser de voir avec quelle facilité il écrivait ses billets. Il se mit à penser qu’il avait plus progressé en écriture en six mois de blog qu’en dix ans d’études. La pratique, toujours la pratique. C’est se qu’il se tue à expliquer à sa femme…
Ce qui était à l’origine presque une contrainte, est devenu au fil du temps un plaisir. Poster, l’amuse. Varier les sujets, surprendre, parfois choquer aussi. A l’image de ce qu’il est dans la vie. Toujours les mêmes recettes : sérieux, humour, recul, second degré.
Quand il a ouvert le pas de porte, il avait un but. Ou au moins une idée derrière la tête. Comme tout le monde, même si peu osent l’avouer. Il n’a pas forcément rempli tous ses objectifs, mais il a compris certaines choses qu’il aurait mis beaucoup plus de temps à comprendre seul.
Le problème, parce qu’il faut bien qu’il y en ait un, c’est que sa moitié ignore toujours l’existence de son blog. Ce qui lui impose des contraintes, notamment de ne pas pouvoir poster depuis son domicile. Il fait donc tout sur son lieu de travail (ce qui est très vilain). Ce passe-temps est chronophage et comme son job l’oblige à changer régulièrement d’entreprise, il ne sait donc pas s’il pourra continuer lors de ses prochaines missions. Il n’a dès lors que trois solutions : avouer à sa femme ce qu’il a maintenant caché pendant un an et demi, laisser la boutique en l’état (au cas où il pourrait un jour revenir) ou la fermer purement et simplement.
Tout dire à sa femme impliquerait de préparer sa défense, des arguments, des réponses, éventuellement de prendre un avocat. Il n’a pas envie de gaspiller de l’argent l’énergie pour ça.
Laisser le blog en jachère serait (d’après lui) un manque de respect envers ses lecteurs. Un peu comme s’il les abandonnait sur une île déserte, obligés de scruter l’horizon dans l’attente d’un éventuel signe de vie.
Eteindre la lumière et fermer la porte en sortant semble donc son meilleur choix. Son blog n’est en aucune manière une vitrine personnelle ou professionnelle comme certains peuvent le faire (espérant glaner ci et là quelques piges rémunérées une misère ou être considérés comme des influenceurs auprès des gentils markéteux qui distribuent des shampoings cadeaux). Il n’aura aucun regret à le faire.
Comme il y eut un début, il veut qu’il y ait une fin.
Comme le disait Jean-Pierre (Descombes ou Foucault, on ne sait plus trop bien) : l’essentiel était de participer...