Souvenirs souvenirs
Un billet de Lorelei m’a fait retomber dans mes souvenirs d’enfance.
Il parait qu’avant trois ans, on ne garde aucun souvenir. Quand je parle avec des proches ou des collègues, je me rends compte que certains n’en ont aucun bien après cet âge.
Ce n’est pas mon cas.
Je suis capable de vous décrire dans le détail le vélo sur lequel j’ai appris à pédaler à 3 ans. La gamelle mémorable qui me vaut cette cicatrice au menton. La fois où j’ai failli me sectionner le pied en freinant avec mes chaussures.
Et puis des flashs de mes vacances passées avec mes parents. La piscine, ma bouée jaune, le cinéma de plein air…
J’ai étonné plus d’une fois mon père en lui sortant des détails datant de plus de 25 ans (parfois 30).
Comme la description précise d’un camping et de ses alentours où nous avions passé l’été (j’avais 5 ans). Une anecdote concernant un de ses copains d’enfance, avec qui nous avions fait une fois un barbecue (et qu’il avait oublié). L’état de sa voiture après son grave accident de la route (qu’il ne savait pas que j’avais vu)(pas l’accident, l’épave)…
(Il y a quelques mois, d’autres souvenirs ont refaits surface. Ils concernent un membre de ma famille. Certains gestes déplacés étaient probablement passibles d’une condamnation. Personne n’en a jamais rien su. Il y a prescription.)
Il ne m’en a jamais parlé, mais je crois qu’il a très bien compris que j’avais des tonnes d’autres souvenirs. Et ceux du divorce de mes parents ne sont pas reluisants (pas plus pour lui que pour ma mère). J’imagine qu’ils n’aimeraient pas que l’envie me vienne de tout déballer.
Ma femme ne comprend pas que je puisse rester 6 mois sans les appeler, sans prendre de leurs nouvelles. Ils ne me manquent pas. Ils m’indiffèrent.
(J’ai appelé ma mère pour la fête du même nom. Sa première phrase a été "ça fait 3 mois que je suis sans nouvelle de toi". Le téléphone ne fonctionne-t-il que dans un sens ? J’ai failli lui raccrocher au nez.)
Pourtant, il y a une chose dont je n’arrive pas à me souvenir. Même en remontant aussi loin que possible.
Aucune trace de câlin avec l’un de mes parents.
Ma femme ne comprend pas qu’il faille toujours une demi-heure pour coucher les enfants. Parce qu’ils réclament un bisou de plus, un câlin encore.
Sans doute parce que c’est le genre de souvenir que j’aimerai qu’ils conservent…
Ps : aujourd’hui j’avais décidé de faire pleurer dans les chaumières. La prochaine fois, je ferai pleurer dans les litières (mouarf ! <-- private joke avec moi-même)(oui, j’aime bien me faire rire, ça me détend)(et puis le rire remplace une séance de sport, parait-il)(ça tombe bien, comme ça j’ai bonne conscience)(ce n’est pas un peu saoulant toutes ces parenthèses pour ne rien dire ?)